HÔTEL DE MONTMORENCY-LUXEMBOURG - Rue Saint-Marc, Paris 2ème

9 - DE 1830 A 1930

Charles LEFEUVE (12) nous indique que le duc d’ORLÉANS fit son Cercle particulier des pièces préservées de l’hôtel MONTMORENCY. À cette époque les cercles sont nombreux. 

Charles Ferdinand Philippe d’ORLÉANS, duc de Chartres, né le 3 septembre 1810 est le fils aîné de Louis Philippe et de Marie Amélie de BOURBON-SICILES.

Après de brillantes études il est nommé en 1824 colonel du 1er régiment de Hussards. En 1830, pendant les Trois Glorieuses, il fait arborer la cocarde tricolore à son régiment qui vient à Paris au secours des insurgés. En 1831 il réprime sans violence l’insurrection ouvrière de Lyon et en 1832, lors de l’épidémie de choléra, il se rend à l’Hôtel Dieu auprès des malades les plus contagieux. Il fait aussi une brillante carrière en Algérie.

Il est considéré par le peuple comme un prince généreux, soucieux du sort des plus démunis. De surcroît c’est un dessinateur de talent, amateur d’art et mécène.

Joëlle HUREAU (24) indique :

« Après l’échec de sa seule tentative sérieuse de mariage l’horizon du prince royal grisaille plus que jamais. Les salons et les Boulevards où il « traîne » son nom depuis plusieurs années, les chasses à courre, si belles, si longues, si épuisantes soient-elles ne le consolent plus de son non-être politique et de son repos forcé. »

Devenu duc d’ORLÉANS en 1830, et surtout avant son mariage en 1837, il est un habitué du quartier Vivienne, appelé à l’époque quartier Feydeau (certainement à cause du théâtre, inauguré en 1791 et fermé en 1829 pour cause de vétusté), proche du Pavillon de Marsan où il réside et du Palais Royal.

Ainsi il a peut-être, si l’on en croit LEFEUVE, fréquenté le premier étage de l’hôtel de MONTMORENCY, avant ou après le prolongement de la rue Vivienne, et notamment le « Grand Antichambre » et la « Chambre à Coucher » attenante.

De plus la décoration de cette dernière pièce dédiée à la chasse est peut-être due du prince qui est chasseur. S.A.R. le duc d’ORLÉANS écrit en 1999 dans « Chasses des Princes d’ORLÉANS » (25) :

« Le duc d’ORLÉANS, le duc de NEMOURS, le duc d’AUMALE et le prince de JOINVILLE adoraient la chasse, seul le duc de MONTPENSIER s’en souciait peu…

C’est au duc d’ORLÉANS que CHANTILLY, désert depuis la mort du dernier des CONDÉ, dut l’établissement de ces courses qui devinrent bientôt le rendez-vous de l’aristocratie parisienne et qui subsistent encore. À sa passion dominante pour les chevaux il joignait le goût de la chasse à courre, mais il était meilleur cavalier que veneur et c’est la chasse à tir qui avait ses préférences… »

Le 13 juillet 1842 le duc d’ORLÉANS va déjeuner dans sa famille à Neuilly avant d’aller inspecter des régiments à Saint-Omer. Les chevaux de sa calèche s’étant emballés, il saute sur le trottoir où il se brise le crâne. Le prince meurt à 32 ans, laissant comme héritier du trône son fils Louis Philippe Albert d’ORLÉANS, comte de PARIS, âgé de 4 ans.

La chapelle Saint-Ferdinand, appelée aussi Notre-Dame-de-la-Compassion, a été construite sur le lieu où il expira, dans l’arrière-boutique d’un épicier au 25 boulevard Pershing, et déplacée à proximité en 1968 place du Général KŒNIG pour la construction du palais des congrès de la porte Maillot.

Il convient alors d’évoquer le souvenir d’Anne Louis Victor Raoul 5ème duc de Montmorency fils d’Anne Charles et petit fils d’Anne Léon de Montmorency.

Il est né à Soleure en Suisse en 1790. Engagé en 1807 dans un régiment de Hussards il sera notamment aide de camp de DAVOUT puis officier d’ordonnance de Napoléon et enfin un de ses Chambellans. Il sera un proche de Louis Philippe dont il a été aide de camp de 1815 à 1820 .Il lui rendra plusieurs fois visite en Angleterre après 1848 et sera un de ses exécuteurs testamentaires.

Se pose la question : le duc d’ORLÉANS ou son père Louis Philippe n’est-il pas l’autorité qui demanda ou exigea la conservation du premier étage de l’hôtel lors des travaux engagés en 1830 et conduits par GRISARD ?

D’après LEFEUVE (12) le premier étage du 36 rue Vivienne fut transformé en un café appelé « Café de l’Europe » après le décès du duc d’ORLÉANS.

HILLAIRET signale qu’en 1855, au 36 rue Vivienne, était installé un très célèbre magasin de thé et d’articles de Chine « À la porte de Chine » tenu par J.G. HOUSSAYE auteur d’une monographie du thé parue en 1843.

Évoquons également l’Académie JULIAN, école privée de peinture fondée par le peintre français Rodolphe JULIAN (1839-1907) (26) :

« Le cadastre pour le 36 rue Vivienne où il habitait à partir de 1866 nous apprend qu’il y occupait une grande salle à poêle très haute de plafond pour atelier de peintre au 4 ½ étage …

À partir de 1866 son adresse est donnée dans les Catalogues des Salons comme 36 rue Vivienne, sauf en 1876 quand on note qu’il habitait au Passage des Panoramas, Galerie Montmartre 27. C’est là très près de la rue Vivienne qu’il a établi son atelier …

L’annuaire de la Gazette des Beaux Arts donne le 36 rue Vivienne comme adresse d’une Académie de peinture dirigée par Rodolphe Julian….

Les ateliers d’hommes occupaient le rez-de-chaussée, tandis que le premier étage était réservé aux dames…»

Les rôles d’imposition de 1885 (27) recensent bien JULIAN, artiste résidant au 36 rue Vivienne. Ces mêmes rôles recensent à la même adresse deux tailleurs, un photographe, un dégraisseur, un papetier, un graveur, un marchand de pendules, une marchande lingère, un marchand de cirage, un marchand pour l’emploi de l’électricité, deux agents d’affaires !  

Rappelons que l’académie des Beaux Arts a été interdite aux femmes jusqu’en 1887 : il était hors de question qu’elles puissent peindre d’après un modèle nu.

La consultation du journal de Marie BASHKIRTSEFF (28), une des plus célèbres élèves de l’Académie, confirme également la présence des ateliers : Passage des Panoramas, 36 rue Vivienne et 51 rue Vivienne. C’est en 1880 qu’une partie de l’atelier pour femmes est transféré au 51 rue Vivienne. Le célèbre tableau « l’atelier des femmes » a été peint au 36 rue Vivienne. Marie âgée de 26 ans décède en1884. Elle repose au cimetière de PASSY sous un monument funéraire d’une importance exceptionnelle qui mérite une visite.

Le 14 mai 1878 alors que la phtisie est déjà là elle écrit : « On s’alarme quand je tousse, je soutiens des guerres pour avoir les fenêtres ouvertes etc. Et d’un autre côté on me laisse une demi-heure seule sur l’escalier de la rue Vivienne où tout le monde passe, des hommes vont au cercle qui est dans la maison, les autres vont et viennent, et cette rue est une des moins respectables de Paris. » 

On notera l’appréciation sur la rue Vivienne !... et la présence, au 36, d’un Cercle (29). D’ailleurs le marquis de ROCHEGUDE (30) indique dans sa « Description des vieilles maisons de Paris » paru en 1906 que le 36 rue Vivienne est occupé par le Cercle Central des Lettres et des Arts. Les rôles d’imposition (27) précisent que ce Cercle était installé au premier étage.


Ce portrait du duc d’Orléans par Jean Auguste Dominique INGRES a été acquis par l’État  pour le musée du Louvre grâce au mécénat du groupe AXA.

Il a été remis au musée du Louvre le 31 janvier 2006.

Rodolphe JULIAN 1839-1907

« L’atelier des femmes » de Marie BASHKIRTSEFF présenté au Salon de 1881.

©2011 - Rédaction : Michel COURTIER, Louis SANCHEZ - All rights reserved - http://hotelmontmorency.online.fr