HÔTEL DE MONTMORENCY-LUXEMBOURG - Rue Saint-Marc, Paris 2ème

5 - JAMES THAYER

La communication de Mr DUMOLIN à la Commission du Vieux Paris (1) précise : « L’Hôtel, saisi comme bien d’émigré, puis rendu aux enfants du duc de Montmorency, fut vendu à un sieur THAYER …. »

Par ailleurs Charles LEFEUVE (12) relate :

« M William THAYER, armateur américain, eut un de ses bateaux saisi à TOULON et vendu comme navire anglais en 1798. Il vint en France pour se faire indemniser. Il menaça le gouvernement, si satisfaction ne lui était pas accordée, de faire connaître en Amérique, par la voie de la presse, que la nouvelle République française l’avait volé et qu’elle ne pouvait ou ne voulait le rembourser, propagande qui ne devait pas favoriser beaucoup les transactions commerciales.

William THAYER fut payé, mais en assignats, dont il ne sut trop que faire. Sur le conseil du correspondant qu’il avait alors à Paris THAYER employa ses assignats à acquérir des biens nationaux. C’est ainsi qu’il acheta l’ancien hôtel Montmorency dont il demeura paisible propriétaire. »

En réalité leur propriété n’est pas rendue aux MONTMORENCY à leur retour en France.

Le grand hôtel, 167 rue Saint-Marc, qui avait été loué à un tapissier en 1793 (13) est vendu comme bien national, une première fois le 21 germinal an 5 (10 avril 1797) pour une somme de 810 000 livres au nommé BIGNON qui n’acquittât pas la totalité de la somme.

À la suite de cette folle enchère, il est revendu une seconde fois le 23 frimaire an 7 (13 décembre 1798) au nommé DECRETOT pour 301 000 livres (14).

Et enfin ce dernier cède le grand hôtel le 7 prairial an 8 (27 mai 1800) à la citoyenne Henriette BERK « épouse non commune en biens de JAMES THAYER et de lui néanmoins pour le présent autorisée … » pour la somme de 195 000 francs devant maître LHERBETTE notaire à Paris (15). Il est prévu un paiement en cinq versements de 1800 à 1803 dont l’un de 50 000 francs fait l’objet, le même jour et devant le même notaire d’un transport de DECRETOT à JOËL BARLOW négociant à Hartford aux États-Unis. L’acte de vente ne fait pas état d’un paiement par assignats comme le précisent certains auteurs !

Quant au petit hôtel 168 et 169 rue Saint-Marc « il a été loué au citoyen BELLANGER en 1790 puis mis en loterie et gagné par le citoyen RIVET négociant demeurant dans la dite maison qui en a été mis en possession par procès verbal en date du 6 frimaire an 4 (13) » (27 novembre 1795).

En 1800 THAYER installe deux Panoramas en bordure du boulevard et en rajoute un en 1805.Cette attraction inventée  par l’Écossais Robert BARKER consiste à admirer, depuis le centre d’une rotonde, un paysage représenté sur sa périphérie.

Le premier Panorama avait été installé à PARIS en 1799 dans le jardin des Capucines à peu près en face de l’Opéra actuel par THAYER semble-t-il (13).

Pour faciliter l’accès du public à ses Panoramas du boulevard Montmartre, THAYER ouvre le Passage des Panoramas allant de la rue Saint-Marc au Boulevard.

En 1816, le premier essai d’éclairage au gaz inventé par LEBON est réalisé dans ce passage.

Le plan de Vasserot et Bellanger de 1823 ci après montre bien l’emprise de l’hôtel du duc de MONTMORENCY avec un premier réseau de passages créé par THAYER, le théâtre des Variétés, etc.… En revanche ce plan ne semble pas exact quant au tracé du passage des Panoramas qui préserve l’hôtel MONTMORENCY.

En effet le Passage des Panoramas emprunte le rez-de-chaussée de l’aile est de l’hôtel de MONTMORENCY. La traversée de cet hôtel particulier par un passage n’est pas un cas unique, Alexandre GADY (16) nous le rappelle :

« … il s’agit d’une galerie piétonne couverte et bordée de boutiques de part et d’autre. Pour ouvrir un passage il faut un terrain non seulement suffisamment large mais joignant deux rues existantes afin d’ouvrir des débouchés au nouvel aménagement. En raison de son assiette foncière l’hôtel constituait un bon placement pour ce type de travaux, cependant la destruction pure et simple n’était pas nécessaire puisqu’on pouvait conserver l’hôtel en transperçant son rez-de-chaussée pour laisser passer la galerie et en remplissant l’ancienne cour et l’ancien jardin avec des boutiques… »

Les THAYER sont donc propriétaires d’un vaste patrimoine qu’ils valorisent.

En 1860 leur propriété est transformée en « la Société Civile des Passages des Panoramas. »

Amédée THAYER, descendant de James THAYER, fut directeur général des Postes au cours des années 1850.

Plan de Vasserot et Bellanger de 1823

Les deux rotondes des panoramas de part et d’autre du débouché du passage des Panoramas. à gauche le théâtre des Variétés.

©2011 - Rédaction : Michel COURTIER, Louis SANCHEZ - All rights reserved - http://hotelmontmorency.online.fr