HÔTEL DE MONTMORENCY-LUXEMBOURG - Rue Saint-Marc, Paris 2ème

2 - L’HÔTEL RIVIÉ

La suppression de l’enceinte et la réalisation du nouveau Cours provoquent évidemment une spéculation foncière. C’est dans ce contexte que le 22 août 1705 Thomas RIVIÉ, s’intitulant seigneur d’ESTOUY et commandant des équipages du corps de réserve des armées, (Secrétaire du roi d’après Germain BRICE) acquiert 1806 toises de terrain pour 63 000 livres entre la rue Saint-Marc et le nouveau cours. Thomas RIVIÉ a fait fortune dans la fourniture aux armées (1). Il fait construire par l’architecte LASSURANCE un vaste hôtel côté rue Saint-Marc, hôtel qui bénéficie d’un beau jardin qui s’étend jusqu’au Cours.
Germain BRICE (2) nous livre ses appréciations sur l’édifice : « Dans la rue Saint-Marc on a élevé une très grande maison en l’année 1704 pour Thomas RIVIÉ, Secrétaire du roi, sur les dessins de LASSURANCE de l’académie d’architecture. Cette maison est située avantageusement parce qu’elle jouit d’une vue sur la campagne et sur le Cours qui entoure la ville de ce côté-là. Le terrain qu’elle occupe avec le jardin a de l’étendue. Les décorations extérieures n’ont pas à la vérité cette correction que l’on pourrait désirer pour un ouvrage comme celui-ci où rien n’a été épargné. Les trumeaux du côté du jardin sont tous inégaux et de différentes mesures. L’ordre ionique le seul en vogue à présent pour des raisons qu’on a dites ailleurs, qui est observé au milieu de la même face, porte un attique d’une démesurée grandeur, et ce qui achève de tout défigurer, c’est une grande ouverture au milieu en manière de croisée, sans nulle proportion de la hauteur avec la largeur, qui va se perdre en se terminant en coquille dans le milieu du fronton qu’elle estropie très vilainement. La face sud qui règne sur la cour est à peu près ordonnée de la même manière, tout y parait lourd et embarrassé. La grande porte sur la rue à deux colonnes de chaque côté, pour former un ordre d’architecture, aussi négligemment traité que s’il était le premier qui eut jamais paru en France. Cependant les dedans de cette maison sont assez commodes et distribués avec intelligence, et elle peut être, à quelques égards, regardée comme une des plus considérables que l’on ait élevée dans Paris depuis plusieurs années. » Si l’on se réfère à BRICE on retient donc que l’hôtel RIVIÉ est une des plus grandes demeures édifiées à Paris à cette époque. C’est aussi une des moins réussies au plan architectural. PIGANIOL (3) est tout aussi sévère : « Les dedans en sont beaux et commodes, mais la décoration extérieure fait pitié à ceux qui se connaissent en architecture. » Dans son ouvrage sur l’architecture française Jean François BLONDEL (4) donne une description de l’hôtel et les plans de LASSURANCE dont il dit : « LASSURANCE était l’élève d’Hardoin MANSART, sa capacité l’a fait parvenir à être Contrôleur des bâtiments du Roi. C’est de tous celui qui a le plus bâti à Paris. » Tout comme BRICE et PIGANIOL il porte un jugement très sévère sur l’architecture du bâtiment et considère que : « Mr de LASSURANCE était trop occupé sans doute, il s’est déchargé de la conduite de cet édifice sur quelque inspecteur ou contrôleur peu versé dans la profession… »

 

Plan de Jaillot 1713 et Terrier du Roy. On distingue parfaitement l’hôtel et son vaste jardin qui s’étend jusqu’au cours. Le jardin est plus large que la façade de l’hôtel.





Plan de LASSURANCE

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