4 - LES MONTMORENCY-LUXEMBOURG
La maison de MONTMORENCY est la première de France. Les aînés de cette maison portent le surnom glorieux de premier baron de France et de premier baron chrétien. Elle a produit six connétables de France et un d’Angleterre, deux grands sénéchaux, dix maréchaux, une quarantaine de généraux… La branche qui nous intéresse est la branche de HALLOT, ducale de BOUTEVILLE et de LUXEMBOURG (6). Ses armes étaient : « de MONTMORENCY : en cœur de la croix, un écusson d’argent, chargé d’un lion de gueules, lampassé, armé et couronné d’or, ayant la queue nouée, fourchée et passée en sautoir, qui est de LUXEMBOURG. ».
(voir notice généalogique en fin du document.)
Après le décès de Charles François Frédéric Ier de MONTMORENCY duc de LUXEMBOURG (1662-1726), les deux hôtels reviennent à son fils Charles François Frédéric II né en 1702, maréchal de France en 1757 et décédé en 1764. Son fils Anne François (1735-1761) étant décédé avant lui, ses deux petites filles Charlotte Anne Françoise (1752-1829) et Madeleine Angélique (1759-1775) héritent alors du domaine. Cette dernière meurt âgée de 16 ans.
Charlotte Anne Françoise épouse le 21 septembre 1767 son cousin Anne Léon de MONTMORENCY marquis de FOSSEUX, baron de COURTALIN (1731-1799), à qui elle apporte le titre de duc de MONTMORENCY, des biens et fiefs considérables.
Elle a 15 ans et il est veuf, âgé de 36 ans. Anne Léon de Montmorency est fait chevalier de l’ordre de Saint Louis en 1758 et Maréchal de camp des armées du roi en 1762. Son épouse Charlotte Anne Françoise est nommée Dame de Madame la Dauphine en 1771.
Anne Léon de Montmorency est fait chevalier de l’ordre de Saint Louis en 1758 et Maréchal de camp des armées du roi en 1762. Son épouse Charlotte Anne Françoise est nommée Dame de Madame la Dauphine en 1771.
Le duc de MONTMORENCY fait construire une aile sur le jardin dans l’angle nord-est de l’hôtel RIVIÉ sur les plans de Le CARPENTIER et un kiosque chinois au bout de la propriété vers le boulevard. Le petit hôtel est loué de 1764 à 1790 (1).
BLONDEL jugeait ainsi Le CARPENTIER (4):
« Mr Le CARPENTIER est un des architectes modernes qui est le plus occupé aujourd’hui à PARIS. Sa capacité lui a acquis la confiance d’une grande quantité de personnes de la première considération. On peut dire de cet artiste que non seulement il est habile architecte et de beaucoup d’expérience mais qu’il entend très bien la distribution de la décoration des appartements; ce qu’il a fait exécuter dans ce genre à l’hôtel de Luxembourg est une preuve de ce que j’avance »
Jacques Antoine DULAURE confirme que d’illustres artistes sont intervenus dans ces travaux engagés par le duc au rez-de-chaussée et dans le jardin (7):
« Hôtel de Luxembourg, rue Saint-Marc, bâti par LASSURANCE. Dans un grand salon dont MM. NATOIRE et HALLÉ ont peint les dessus de porte sont plusieurs tableaux et sculptures. Le CARPENTIER a augmenté cet hôtel d’une salle à manger, qui forme pavillon sur le jardin; elle est ornée de sculptures dues au célèbre PINEAU. Le plafond, peint par HALLÉ, offre les quatre saisons sous des figures d’enfants. »
On doit aussi au duc le percement en 1782 de la rue Neuve de Montmorency dans l’axe de son hôtel. Cette voie, aujourd’hui rue des Panoramas, est un exemple remarquable de l’urbanisation de la fin du XVIIIème siècle.
Ce percement n’est qu’un des éléments de la politique foncière très active que le duc mène dans l’environnement de son hôtel.
C’est ainsi comme le précise Natacha COQUERY (8) qu’entre 1776 et 1787 le duc investit dans la pierre : il achète autour de son hôtel six maisons de rapport et un terrain avec bâtiments pour une somme globale de près de 500 000 livres.
Albert BABEAU (9) rapporte :
« L’engouement pour les sciences naturelles beaucoup plus que le souci de l’étude avait fait créer les cabinets de minéralogie, de physique et de zoologie….. Un des pavillons de l’hôtel de Montmorency bâti en 1704 par l’ASSURANCE, renfermait des animaux empaillés de tout genre, formant des scènes animées ,tels que loups pris au piège, coqs se battant pour une poule, tandis qu’au centre de la pièce, deux colombes blanches se becquetaient sur le carquois de l’amour, auprès duquel étaient posées des flèches et des couronnes de roses et de myrtes ! »
À la Révolution le domaine est saisi comme bien d’émigré.
Après le départ des MONTMORENCY pour l’étranger, l’hôtel fut-il occupé ?
Deux occupations peuvent être citées pour la période révolutionnaire et le début du Directoire.
La Révolution prit soin de préserver et de conserver les bibliothèques confisquées aux ecclésiastiques et aux émigrés.
C’est ainsi que l’hôtel Montmorency-Luxembourg constitua un des plus importants dépôts de ces ouvrages avec 1 000 000 de volumes (10):
« Le dépôt de la rue Saint-Marc établi dans l’ancien hôtel de Montmorency-Luxembourg à l’emplacement du Passage des Panoramas contenant 1 000 000 volumes provenant des bibliothèques des émigrés Montmorency-Luxembourg, Penthièvre, d’Orléans, Maupeou, Saint Simon, Grimm, Lowendal, etc.… et plus tard celles de Danton et de Saint-Just. »
Par ailleurs (11) l’hôtel fut occupé par l’Atelier de perfectionnement des armes portatives dirigé par l’inventeur fécond François Philipe CHARPENTIER (1734-1817). L’installation de cet atelier occasionna sans doute des modifications dans l’aménagement des locaux.
Quels soins furent apportés pour ne pas dégrader la demeure des MONTMORENCY et pour protéger ce qu’elle renfermait de précieux ?