HÔTEL DE MONTMORENCY-LUXEMBOURG - Rue Saint-Marc, Paris 2ème

7 - LA RUE VIVIENNE EST PROLONGÉE JUSQU’AU BOULEVARD

Avec le succès croissant des Boulevards et des Panoramas il est indispensable de prolonger la rue Vivienne. Du Palais-Royal aux Boulevards l’itinéraire est difficile.

Le couvent des Filles-Saint-Thomas constitue un obstacle à contourner.

Il faut emprunter le passage (privé) des Colonnes ouvert en 1791 devenu rue en 1797, puis la rue Feydeau et la rue Neuve-de-Montmorency devenue rue des Panoramas en 1867.

La partie de la rue Vivienne comprise entre les rues des Filles-Saint-Thomas et la rue Feydeau est percée en vertu d’une décision ministérielle du 15 février 1809 et d’une ordonnance royale du 16 juin 1824 (22). La voie d’une largeur de 10 mètres a essentiellement son emprise sur les terrains du couvent des Filles-Saint-Thomas.            
C’est sur ce même terrain que le Palais de la Bourse est édifié de 1808 à 1827.

La largeur du tronçon allant de la rue Feydeau aux Boulevards est fixée à 12 mètres par cette même ordonnance de 1824. Il est immédiatement réalisé à la suite de l’ordonnance du 17 janvier 1830 qui précise :

Zone de Texte:      Hachurée, la partie conservée de l’hôtel RIVIÉ     au premier étage.    (On la distingue parfaitement sur les photos     aériennes de Paris disponibles sur internet.)« Le préfet du département de la Seine est autorisé à accepter, aux conditions stipulées dans la délibération du conseil municipal du 13 novembre 1829, l’offre faite par le sieur Achille Pêne, propriétaire, de se charger moyennant la somme de un million, d’exécuter le prolongement de la rue Vivienne, depuis la rue Feydeau jusqu’au Boulevard Montmartre… ».

Ce prolongement, appelé rue Neuve-Vivienne pendant une vingtaine d’années constitue un événement considérable pour le quartier et notamment pour l’ancien hôtel RIVIÉ dont une partie significative est située sur l’emprise de cette nouvelle voie. On le mesure parfaitement sur le plan ci-contre sur lequel a été reporté le plan de LASSURANCE.

Les travaux sont menés avec l’objectif de conserver au maximum l’aile ouest de l’hôtel RIVIÉ. D’importantes restructurations et consolidations au rez-de-chaussée permettent cette conservation et la surélévation sur trois étages. Une façade est plaquée sur la partie préservée.

Cette façade « plaquée » n’est évidemment qu’une partie de l’ensemble des façades réalisées du 34 au 38 par GRISARD en bordure de la nouvelle voie.


Aujourd’hui les preuves de cette préservation et notamment du premier étage de l’hôtel sont facilement accessibles.

La façade sud au dessus de la galerie Feydeau comporte une fenêtre à colonnes ioniques à rapprocher du plan de LASSURANCE. Le rapprochement peut concerner également les autres fenêtres proches.

Celle de gauche a conservé son encadrement extérieur mais à l’intérieur elle a été voûtée et son axe a été déplacé.

À droite il reste toutes celles de l’étage, les trois de la façade principale plus deux de l’aile en retour.

Il y a manifestement identité à quelques modifications ou ajouts près. Ainsi le fronton triangulaire de la fenêtre principale a été détruit au cours de la surélévation et remplacé à l’étage inférieur par un autre plus ordinaire avec une horloge, mais légèrement décalé vers la droite pour être dans l’axe du nouveau passage.

 

Zone de Texte:

 

 

 

 

Dans le hall d’entrée de l’immeuble au 36 rue Vivienne on remarque que l’escalier a été réalisé en cohérence avec le volume conservé au premier étage. Il est perpendiculaire à l’axe principal de l’hôtel RIVIÉ et biais par rapport à l’alignement de la rue Vivienne. Il en est de même des murs principaux au premier étage. Ces derniers sont biais par rapport à la rue Vivienne.

À noter que l’escalier du 34 rue Vivienne présente la même caractéristique.

On remarque également que ce volume conservé au premier niveau est toujours accessible, sans doute depuis cette époque, à partir d’un « PETIT ESCALIER DE LA MAISON RUE VIVIENNE » débouchant à l’angle du passage des Panoramas et de la Galerie Montmartre. 

Façade actuelle au dessus de la galerie Feydeau.

 

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Plan de LASSURANCE :

façade sur cour de  l’hôtel RIVIÉ.

En résumé, de 1830 à 1835 sont menés des travaux considérables dans le quartier à la suite du prolongement de la rue Vivienne jusqu’aux Boulevards : destruction des Panoramas, construction ou surélévation d’immeubles aux numéros 34, 36 et 38 rue Vivienne et aux 8 et 10 rue Saint-Marc, le tout à l’emplacement de l’hôtel RIVIÉ et du petit hôtel.

Ces travaux complètent le réseau des passages avec la galerie Feydeau, le passage de la Bourse (détruit plus tard) et les galeries des Variétés, Saint-Marc et Montmartre. (Ces deux dernières existaient déjà en partie).

Ils sont conduits avec l’objectif de conserver le premier étage du corps principal de l’hôtel RIVIÉ et, rue Saint-Marc, l’entrée monumentale avec, semble-t-il, une partie de la façade.

La préservation de ce premier étage et bien entendu des murs porteurs du rez-de-chaussée et de leurs fondations a représenté, sans aucun doute, une contrainte significative aux plans technique et financier. L’ensemble des travaux de bâtiments a été mené par l’architecte Jean Louis GRISARD (1797-1865).

Ce dernier construisit en face le 45 rue Vivienne, et aussi dans le secteur la caserne des Petits Pères rue de la Banque dans le style Louis XIII, ce qui à l’époque constitua un événement très remarqué. Il réalisa des tribunes à Chantilly pour le duc d’AUMALE dont il était l’architecte. Il fut également l’architecte du palais de Compiègne sous le second Empire.

 

Cette préservation coûteuse est à l’évidence sérieusement motivée. À cet égard Charles LEFEUVE nous éclaire peut être dans son ouvrage sur les Anciennes maisons de Paris paru en 1873 (12) :

« La rue Vivienne poussa jusqu’au Boulevard Montmartre. Mr Achille Pêne propriétaire du terrain s’était chargé moyennant un million d’opérer ce dernier prolongement. Un corps de bâtiment de l’ancien hôtel de Montmorency était resté debout au milieu des constructions neuves. Le duc d’Orléans fils du roi en fit son cercle particulier. Il y recevait principalement des officiers. Un café depuis la mort du prince profite d’un grand salon qui a été sculpté et doré pour les Montmorency. »

Ainsi un grand salon avec ses décorations antérieures à la Révolution peut-il être le motif de la préservation réalisée en 1830 ?

Faut-il croire à l’influence des MONTMORENCY de retour en France ?
Parmi les 154 pairs nommés le 4 juin 1814 on recense quatre MONTMORENCY dont Anne Charles François, Marquis de FOSSEUX 4ème duc de MONTMORENCY- LUXEMBOURG, fils aîné d’Anne Léon et de Charlotte Anne Françoise.

Plus simplement c’est peut être THAYER lui-même, propriétaire des lieux et attaché à leur histoire exceptionnelle, qui décide cette préservation.

    

Le passage des Panoramas après aménagement des boutiques et la propriété THAYER après les travaux de1830 - 1835. (THAYER a déjà vendu plusieurs boutiques du passage des Panoramas).
On distingue bien le réseau de passages à l’issue des travaux des années 1830.

Sur cette photographie aérienne on distingue la façade nord de l’hôtel surélevé de 3 étages.
En bas à gauche le toit vitré du passage des panoramas. À droite la rue Vivienne.
Le pointillé blanc est la trace horizontale de l’hôtel au niveau du toit, trace qui empiète sur la rue Vivienne.

©2011 - Rédaction : Michel COURTIER, Louis SANCHEZ - All rights reserved - http://hotelmontmorency.online.fr